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Titre de l’œuvre : Tondo Date de l’œuvre : Technique : Dimensions : Collection Géotec, achat 2018 Localisation actuelle : Entrepôt 9 (Quetigny) |
Sensible à l’imperceptible, Marc Couturier interroge le sacré. Pratiquant avec une même grâce l’infinitésimal et le monumental, il est l’auteur d’œuvres pérennes ou éphémères, dont certaines sont installées dans des lieux de culte, dans le monde entier.
Tardivement, à l’âge de 38 ans, il décide de se consacrer à l’art, frappé de « révélation » à la vue d’une barque à proximité de la Saône, dont la position étonnamment émergée, suite à une crue, s’apparentait à un mirage. L’aura de l’objet était si évidente qu’il éprouve le besoin de l’exposer à la 1ère Biennale de sculpture de Belfort (1985), suspendue comme en lévitation et emplie d’eau aquarellée de bleu-vert, dans laquelle venait se refléter une trace d’humidité blanchâtre présente sur le mur, de forme circulaire, telle une hostie. Dès 1990, Marc Couturier est l’auteur du concept du Redressement, terme qu’il utilise pour désigner des objets rencontrés par hasard (tuiles, morceaux de bois, pots de terre, papiers maculés, feuilles d’aucuba…) dont les dessins naturels présentent des formes ou des paysages reconnaissables. Tel un inventeur de trésor, l’artiste découvre et collectionne les choses usées, tachées, d’où surgissent des images « non faites de main d’homme », propres à la rêverie et à la contemplation. Il nous donne par exemple à voir l’harmonie du cosmos qui se reflète dans le monde végétal, les mouchetures de certaines plantes révélant de véritables constellations. Parallèlement, les œuvres « faites de main d’homme » consistent notamment en la pratique assidue du dessin, sous forme de gribouillages légers, pourtant parfaitement maîtrisés, à peine visibles lorsqu’ils sont réalisés à la pointe d’argent. Marc Couturier explique la genèse de ces dessins comme une « méditation des marges qui demande parfois plus de temps que l’exécution du tracé proprement dit et correspond au temps d’imprégnation. Ce dessin s’origine dans l’inscription de la marge et n’existe que dans son rapport avec la marge. Le mouvement qui s’élabore demande simultanément une grande ascèse mentale et une puissante énergie physique ; impulsion et rythme s’accordent et insufflent une énergie transe-formée. Tout mon être, à ce moment, est engagé en un geste à la fois contenu et continu, jusqu’au point final. Le temps, dans son déroulement, change de nature, se concentre, se dilate, devient une énergie, un temps qui propulse ». La technique de la pointe d’argent, surtout connue des maîtres anciens comme Raphaël et Dürer, est employée par Marc Couturier « pour faire remonter, comme venu du dessous de l’œuvre, le souvenir de ces moments de l’art, redéployés dans l’espace et le temps, dans un passage de la sphère intime à l’ampleur lumineuse de la « grande surface floutée ». Cette technique a d’autant plus à voir avec l’épaisseur de l’histoire qu’elle est ineffaçable », explique l’artiste. En effet, la pointe d’argent grave légèrement la surface du panneau de bois préparé de stucco, un enduit constitué de poudre de marbre et de chaux. Résultat d’un geste ininterrompu, presque automatique, l’accumulation d’entrelacs rassemblés en cercle peut évoquer l’infini. Le faible contraste entre le fond de l’œuvre et le dessin, très délicat, nécessite de s’en approcher pour s’immerger dans la prolifération de signes et la multitude de reflets produits par cette matière particulière. Le travail de Marc Couturier invite à la contemplation de l’équilibre étudié entre brillance et matité, entre plein et vide, à se laisser envelopper par les effets majestueux de sa quête de ce qui est caché. |
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